• Sioux

    Le chef sioux Red Bird vers 1908

    Localisation des tribus sioux avant 1770 (vert foncé) et leurs réserves actuelles (orange) aux États-Unis.

    Les Sioux sont un important groupe ethnique et linguistique amérindien du Centre et du Sud-Est de l'Amérique du Nord, parlant originellement des langues dites « siouanes ». Le peuple sioux est souvent subdivisé en deux sous-groupes :

    • -les Catobas aujourd'hui presque disparus (il existe encore une petite réserve en Caroline du Sud) ;
    • -la grande famille sioux, qui comporte elle-même d'autres subdivisions .

    Le même nom « sioux » est utilisé pour indiquer un groupe spécifique de tribus, culturellement et linguistiquement très proches : Lakotas, Nakotas et Dakotas, noms qui signifient tous « alliés ».

    Les Sioux s'appellent entre eux « Oceti sakowin oyate », « le Peuple des Sept Feux » ou « le Conseil des Sept feux », en référence à leurs sept divisions politiques d'origine.

    Quoique ce point soit incertain et discuté, le mot « sioux » proviendrait de l'expression « nadowe-is-iw-ug », qui, dans la langue des Ojibwés, signifierait « ennemis (nadowe), parce que les Iroquois leur paraissaient des ennemis beaucoup plus dangereux. Ce terme a été repris par les Français au XVIIe siècle, et ensuite adopté par les Sioux eux-mêmes, mais aujourd'hui, ils préfèrent réutiliser leurs noms d'origine en disant « je suis lakota », « dakota » ou, très rarement, « nakota ». « Nadowe-is-iw-ug » serait donc à l'origine un terme péjoratif que les Ojibwés et les Saulteaux, leurs parents des grandes plaines, utilisaient pour désigner les peuplades voisines dont les Blancs s'enquéraient de savoir le nom ; par simplification linguistique il n'en serait resté que le terme sioux.

    • TRIBU

    sept feux du conseil, mais qui se subdivisèrent au XVIIIe siècle, après leur émigration vers les grandes plaines, en sept groupes :

    • Hunkpapas (« Ils campent à l'entrée »). Leurs plus grands chefs sont Sitting Bull et Gall ;
    • Oglalas (« Ils se dispersent »). Ils comptaient parmi eux les chefs Red Cloud et Crazy Horse ainsi que l'homme médecine Black Elk ;
    • Sicangu (« Cuisses brûlées » ou « brulés »). Le chef Spotted Tail était des leurs ;
    • Minneconjous « Mnikwojupi» (« Ils plantent près de l'eau »). Le chef Big Foot est tristement célèbre car c'est sa bande qui fut massacrée lors du massacre de Wounded Knee ;
    • Itazipacolas (« Sans-Arcs ») ;
    • Oohenunpas (« Deux fois bouilli » ou « Deux chaudrons »), Two Kettles en anglais ;
    • Sihasapa, (« Pieds noirs »), appelés Blackfoot Sioux en anglais, à ne pas confondre avec le peuple algonquin des Blackfoot).

    Les Sioux sont issus d'une population qui habitait au Ve siècle sur le cours moyen du Mississippi et a en partie migré au viiie siècle vers les sources de ce fleuve. Elle y adopte un mode de vie typique,tout en développant une technique de poterie héritée de la « civilisation du Mississippi ». 

    Au début du xive siècle, durant le Petit Âge glaciaire, des descendants de cette population de type « Oneota » constituent dans ce qui est aujourd'hui l'État du Minnesota une union politique. 

    Les Sioux sont nomades. Ils forment une société guerrière organisée en tribus mais ils pratiquent parfois la guerre comme un sport, se contentant souvent de toucher l'adversaire sans le blesser. Contrairement à leur voisins, ils ne cherchent pas à se procurer une main d'œuvre esclave. Le déséquilibre démographique en faveur des femmes, environ sept pour un, est réglé par une polygamie qui favorise au sein des ménages les jalousies et l'adultère. Les femmes, et non les hommes, en sont punies par un scalp partiel à vif, en rond, et le tranchement du cartilage du nez.

    Les Sioux se rencontrent déjà en dehors de leur zone d'origine. Ils mènent leurs raids meurtriers contre les Illinois dans ce qui est aujourd'hui l'État du même nom. Ils se regroupent l'hiver en gros villages abrités dans les vallées et en été forment des campements de chasse. Ils alternent ainsi un peu de culture de maïs et de légumes secs, la cueillette du riz sauvage et des baies sauvages, la récolte du sirop d'érable, la pêche et la chasse, au chevreuil mais principalement aux bisons, qui sont alors présents dans les clairières du haut Mississippi.

    Ces migrations saisonnières se font en travois tirés par des chiens, et à partir de la fin du xviie siècle par des « gros chiens », nom qu'ils donnent aux chevaux. Ceux-ci, introduits en 1540 par les conquistadors de Francisco Vásquez de Coronado, sont élevés et vendus par des peuples plus ou moins lointains. Comme dans d'autres régions du monde où la nourriture est abondante, les autochtones ne pratiquent pas la métallurgie, les outils de pierre étant plus efficaces pour un coût de fabrication minime, mais les bijoux en cuivre sont prisés. Les échanges avec les tribus agricoles voisines restent cependant essentiels à l'équilibre alimentaire et la survie des chasseurs-cueilleurs que sont alors les Sioux.

    Les Sioux ont leurs premiers contacts avec la civilisation européenne  épousant souvent des squaws et ayant des enfants « métchifs » (métis). Ces « Sauvages » sont mentionnés par Jean Nicolet puis en 1642 par Jérôme Lalemant.

     

    Au cours du xviiie siècle, les bandes sioux, probablement chassées par les conflits alors endémiques autour des Grands Lacs et le développement des épidémies qui déciment les tribus voisines, commencent leur migration vers l'Ouest. Ce mouvement au-delà du Mississippi est également motivé par l'abondance du bison et par l'apparition du cheval, venu des plaines du Sud, où les Amérindiens l'ont adopté lorsqu'il est apparu avec l'arrivée des Espagnols, au xvie siècle.

    Au cours du xviiie siècle, les tribus sioux se constituent un véritable « empire » dans l'Ouest en repoussant les Crows vers les montagnes Rocheuses, et les Pawnees sur la rivière Platte. Sous la pression des tribus ojibwés (parmi les premiers à obtenir des armes à feu), ils se déplacent plus à l’ouest, poussant devant eux les Cheyennes, les Omahas, les Crows et d’autres tribus plus petites. Ils envahissent rapidement tout l’ouest et le sud-ouest du pays après l’acquisition de chevaux et de fusils.

    Vers 1750, ils traversèrent le Mississippi et envahirent les Black Hills (Paha Sapa en lakota). Les Sioux arrivent peu de temps après les Cheyennes dans la région des Black Hills. Grâce notamment à la puissance que leur confèrent les armes à feu issues du commerce avec les Blancs (Wasichus en lakota), ils s'imposent rapidement comme étant un peuple belliqueux et puissant. Vers les années 1800, ils chassent de la région les Kiowas et les Comanches qui émigrent alors vers le Sud, puis se tournent vers les Crows qui sont à leur tour chassés.

    Dans cette conquête, la Confédération sioux s'est alliée aux Arapahos et aux Cheyennes. L'alliance formée par ces trois peuples, qui perdura tout au long du XIXe siècle, faisait des Sioux la puissance militaire la plus imposante des Plaines du Nord et leur assurera une suprématie dans le nord des plaines. Leurs ennemis traditionnels sont les Crows, les Pawnees, les Shoshones mais également les alliés de ces derniers, comme les Nez-Percés (bien qu'en 1877 les rescapés des Nez-Percés de chef Joseph sont accueillis par Sitting Bull au Canada), les Osages et bien d'autres.


     

    L'expédition Lewis et Clark, au début du XIXe siècle, permit aux Américains d'approfondir leurs connaissances sur les Sioux. À l'arrivée des colons américains dans les Grandes Plaines, dans les années 1830-1840, les Sioux occupaient ainsi un vaste territoire qui s'étendait depuis le Missouri jusqu'aux monts Big Horn (les actuels États du Dakota du Nord et du Dakota du Sud), ainsi que sur une partie du Minnesota, du Wyoming et du Nebraska.

    Guerres contre les Blancs

     Premiers troubles (1840-1864)

    Au début des années 1840, les premiers colons blancs traversent les plaines pour s'implanter dans l'Oregon. C'est la création de la piste de l'Oregon, qui est utilisée durant des années. Les migrations s'intensifient en 1849, avec la découverte d'or en Californie et la ruée qui s'ensuivit : des milliers de migrants traversent les territoires de chasse des Amérindiens. La piste est large de plusieurs centaines de mètres. Les migrants prélèvent le bois et la nourriture dont ils ont besoin sur leur passage dans les environs, abattant et faisant fuir le gibier et rasant les arbres alentour. Très rapidement, elle est marquée par des tombes de migrants morts durant le voyage et de carcasses d'animaux. Les Sioux voient donc d'un mauvais œil cette route. Le pire se produit quand, en 1849, les migrants transmettent aux Amérindiens le choléra. L'épidémie se répand dans les plaines comme une traînée de poudre, frappant de plein fouet les Cheyennes, les Sioux, les Kiowas, les Comanches, les Blackfeet, les Osages… Les tribus sont décimées et de plus en plus méfiantes vis-à-vis des Blancs.

    En 1851, neuf tribus amérindiennes, parmi lesquelles les Sioux et les Cheyennes, signent avec le gouvernement des États-Unis le traité de Fort Laramie. En échange de 50 000 dollars d'annuité versés durant cinquante ans et de marchandises, les Amérindiens voient leurs territoires délimités sur une carte, autorisent la construction de routes et de forts dans les plaines et s'engagent à ne pas attaquer les migrants Blancs et à cesser les guerres tribales. La culture des Indiens des Plaines, la mauvaise volonté du gouvernement américain (le Congrès rectifie le versement des annuités de cinquante à dix ans au moment de la ratification du traité) feront que le traité ne sera jamais respecté.

    En 1854, un détachement de 29 soldats américains attaque un camp de 4 000 Sicangus en prétextant un vol de bétail : le détachement est anéanti. Cet événement, nommé Affaire Grattan du nom du lieutenant qui dirige le détachement marque le début de la guerre des Sioux contre les États-Unis. En 1855, en répression à l'Affaire Grattan, un village lakota est attaqué par l'armée américaine, faisant une cinquantaine de morts.


     
     les Sioux Dakotas du Minnesota qui avaient perdu, à la suite de traités, les neuf dixièmes de leurs terres se révoltent sous la conduite de Little Crow. Un millier de colons et de soldats sont tués et plusieurs centaines de femmes et d'enfants sont faits prisonniers. La révolte est matée. Le 26 décembre 1862, 38 guerriers sont pendus pour leur implication dans les meurtres des colons. Il s'agit, encore aujourd'hui, de la plus grande exécution de masse de l'Histoire des États-Unis. Les Santees survivants sont faits prisonniers ou s'exilent dans l'Ouest pour rejoindre les Lakotas.

    Le 29 novembre 1864, sept cents volontaires du Colorado sous les ordres du colonel Chivington massacrent plus de cent cinquante Cheyennes du Sud (dont une centaine de femmes et d'enfants) à Sand Creek. Le massacre révolte les Cheyennes qui, aux côtés des Sioux et des Arapahos, entrent en guerre contre les États-Unis.

     

     

             

    « Bataille de Bear RiverAoût »

    Tags Tags :